Bibliothèque
de Bordeaux, manuscrit n, 828, fonds de l'Académie n° 18.
Communiqué
et transcrit par m P. CARAMAN.
ÉLECTION
DE BORDEAUX
Subdélégation
de Bordeaux.
Habitants
de la ville 8 ,ooo et de la Subdélégation de Bordeaux, autant, par
ce ducelle est fort peuplée. Ainsi habitans 174,000.
Sacs
de ble Cinq fois autant, à 5 personnes, par ce que le sacne pèze
pas icy, comme ailleurs, I8o livres. Ainsi il faut pour la nourriture
870,000 sacs. Les deux sacs font le septier de Paris. Il manque trois
quarts de ce nombre, selon M le Subdélégué il manque donc 632,500
sacs de bled. Dans la dizette on tire de Bretagne, Angleterre,
Hollande, Danzic, Languedoc, et on fait des greniers à Bordeaux, qui
souvent fournissent au villes voisines.
Le
sac de froment vaut 7 livres 1s, c'est 15 le septier de Paris.
Pour
multiplier les bleds on croit qu'il faut arracher les vignes qui sont
dans les palus pour y semer des bleds et des légumes et comme on
porteroit beaucoup de préjudice aux propriétaires, il faudroit les
dédommager, au moins pour la taille qu'on devroit répandre sur les
propriétaires des vignes dont le revenu est plus fort; mais ce moyen
ne rempliroit pas encore les besoins publics.
Le
bled d'Espagne et légumes se consument dans le pais. les fèves,
pois ne suffisent pas sans le secours de l'étranger, parce qu'il
s'en consume beaucoup par les ouvriers et par les vaisseaux.
On
en consume dans la ville et dans la Subdélégation plus de 6o mille
tonneaux et on en vend pour l'étranger et pour les isles françoises
environ 68 mille tonneaux et sept mille tonneaux de
vinaigre.
On
fait icy peu d'eau-de-vie, et celle qui se consume ou s'envoie à
l'étranger est faite dans le voisinage ou dans la province.
On
voit bien qu'il y a trop de vignes pour conserver un haut prix au vin
et qu'il seroit nécessaire d'en arracher une partie. Mais aussivles
vins des environs de Bordeaux et ceux de la Subdélégation sont des
vins pour la plupart d'un haut prix.
Il
n'y en a pas assez pour les bœufs du labourage et pour les chevaux
des particuliers. On en prend au voisinage, mais pour les multiplier
il n'y auroit qu'à faire des prez dans les palus.
Chanvres
et lins: Il n'y en a pas assez dans le pais, et on en fait venir des
pais étrangers ou du voisinage.
Bois
de haute futaJe. Sont très rares dans cette Subdélégation et les
bailliveaux qu'on coupe dans les taillis, ne suffiroient pas pour les
besoins, quand même on ne les couperoit pas.
Bois
taillis. Le bois de chauffage est d'un trop haut prix: il s'en fait
une grande consommation et on ne cultive ni ne plante de bois, les
vignes occupant toutes les terres et tout le travail.
Terres
incultes. Il y en a très peu dans cette Subdélégation mais pour
faire cultiver celles qui sont dans les landes, m. le Subdélégué
qui trouve qu'il n'y a pas assez d'hommes pour les cultiver, voudroit
qu'on fit des colonies des enfans trouvez, ou des mendiantset
vagabonds.
Bestiaux.
Il n'y a guères que les bœufs du labour; ceux qui doivent servir
aux boucheries viennent des autres Subdélégations. Le manquement
des pâturages est cause de la rareté des bœufs, des
veaux
et des moutons.
Haras.
Il n'y en a aucun par le manquement de pâturages.
manufactures.
Il y en a une a Bordeaux où l'on travaille plusieurs ouvrages: aux
passemens du fil qui vient de Paris ou de Flandres; à des ouvrages
de point en laine qui vient d'Angleterre;
à
des bas au métier, à des fils de couleurs, à des bergames. Les
ouvriers sont la plupart tirez des enfans trouvez qu'on y élève de
bas âge.
Les
laines viennent en partie du Médoc, et en partie d'Angleterre et
d'Espagne.
On
en fait fort peu dans le pais, à cause qu'on n'y élève point de
brebis.
Seryeurs.
(?) Ils sont dispersez et ne travaillent que pour les particuliers.
Tisserand.
Dispersez, travaillent les chanvres et les lins des particuliers, et
en tirent de l'étranger ou du voisinage.
Tanneurs.
Il y en a un nombre dans la ville ou Subdélégation qui travaillent
les peaux des boucheries; mais comme il n'y en a point assez du pais,
les cordonniers font venir d'Angleterre une
partie
des cuirs de veaux, et d'Espagne, les marroquins. Pour multiplier les
cuirs, il faut multiplier les veaux, bœufs, moutons et chèvres,
c'est-à-dire multiplier les paccages.
Fondeur
de chandelles. Il y en a un assez bon nombre, mais ils ne pourroient
pas fournir aux besoins du peuple sans le suif d'Islande ou
d'Angleterre, qui vaut moins que celuy du pais.
Papeterie.
Il n'y en a aucune, quoique on ramasse assez de matières pour le
papier; mais il y a des moulins à papier dans la Généralité de
Guienne.
Moulin
à poudre. Il y en a un à deux lieues de Bordeaux.
Salpêtrerie.
Il y en a une dans les faux bourgs de cette ville, qui travaille sur
les terres des environs et sur les salpêtres bruts qui viennent des
isles et des pais étrangers.
Vérrerie.
Il y en a une sur le port de Bordeaux; on n'y travaille qu'à de gros
verres, c'est-à-dire à des bouteilles.
Savonnerie.
On en fait de fort inférieurs savons à ceux de Marseille, à cause
de la cherté des huiles d'olives.
Fayencerie.
Il y en a une établie depuis 20 ans. Les ouvrages se portent dans la
province et surtout en Espagne.
Teinturiers.
Il y en a un nombre dans Bordeaux pour toutes les couleurs les
drogues viennent des autres provinces ou de l'étranger.
Cordelier.
Il y a nombre de corderies qui travaillent le chanvre du pais et n'en
auroit pas assez sans l'étranger.
Charpentiers
de maisons. Ne trouvent pas de bois dans le pais. Ils en font venir
de la montagne, Généralité de Toulouse et de Béarn. C'est du
sapin, du fayan et du chêne. On en fait aussi venir de Hollande et
de Hambourg.
Charpentier
de vaisseau. Ils ne trouvent que fort peu de bois icy, et on est
obligé de prendre la mâture et le bordage d'ailleurs.
Charpentiers
de barriques. Il y en a un grand nombre parce qu'il en faut pour le
nombre de barriques qui se font à Bordeaux et dans les campagnes,
pais tout couvert de vignes. Ils n'ont presque point de bois du pais.
Ils en tirent du Languedoc, de l'Auvergne et de Saintonge, quelque
peu de l'Espagne; mais ils en tirent beaucoup de Hollande, et de
Hambourg, et de Lubec. Ce bois se paye ordinairement en vins et,
quand les vins n'ont pas un haut prix, il se trouve que le bois vaut
le tiers du vin et, ainsi, que les étrangers ont le tiers de notre
récolte et le tiers de leurs bois travaillé en barriques. Ce qui
est exorbitant, d'autant qu'ils ont gagné sur le bois qu'ils nous
ont
vendu.
Cela arrive toujours quand les barriques coûtent 24 écus et le vin
aussi 24 écus le tonneau.
Forgerons.
Pour les gros ouvrages, tirent leur fer de Bretagne, du Périgord et
d'Espagne; l'acier, du Périgord, de Suède et d'Allemagne.
Serruriers.
Tirent leur fer des mêmes endroits.
Cloutiers.
Des mêmes endroits, mais le meilleur fer pour les clous vient de
Bretagne.
Chaudronniers.
Travaillent le cuivre de Moscovie, de Suède, de Hollande.
armuriers.
Usent du fer du Périgord et de l'acier d'Allemagne. Il n'y a aucune
mine de fer, de sel ni de charbon dans cette Subdélégation.
Le
charbon de terre vient du Languedoc ou Quercy et d'Angleterre, qui
est à meilleur marché.
Le
charbon de bois vient de la lande et celuy qu'on fait icy dans le
voisinage n'est que pour l'usage des particuliers.
meuriers
blancs. On a trouvé que ces arbres ne pouvoient réussir dans cette
Subdélégation et on croit que la cause en est que le climat est
trop froid.
Mais
comme on trouve par cy par là des arbres assez gros de ces meuriers,
il paroit que c'est la négligence ou le défaut de culture qui
empêche ces arbres de venir icy.
Les
arts ne peuvent s'avancer. que par des règlemens sur les ouvriers et
sur leurs ouvrages. Il y a assez de règlemens; mais les magistrats
de police ne font aucun examen.
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